"A quoi sert une enquête publique ?" (extrait du magazine "Vie Pratique")


L'enquête publique concerne 95% des opérations d'aménagement susceptibles d'affecter l'environnement. Contre 5% pour l'enquête d'utilité publique, qui doit présenter un intérêt général (une autoroute par exemple).
Définie par la loi Bouchardeau du 12 juillet1983, l'enquête publique répond à un souci de transparence et de démocratisation : tout citoyen peut être associé à une prise de décision publique pour des projets présentant des risques de nuisance pour l'environnement ou pour la santé (urbanisme, révision ou modification des plans d'occupation des sols ou POS, installations classées, élevages, ouvrages hydrauliques, défrichements...)
Annoncée par voix de presse, dans les mairies concernées et sur le lieu du projet, l'enquête publique est organisée par le préfet et conduite par un commissaire enquêteur. Il tient deux à trois permanences en mairie au cours de l'enquête, qui dure en général un mois ; il est toujours présent le dernier jour.
Comme tout citoyen, vous pouvez participer à l'enquête publique pour conserver ce droit d'expression peu utilisé. Adhérer à une association de protection de l'environnement vous facilitera la tâche et vous permettra d'obtenir une copie de tout ou partie du dossier. Ensuite, vous pourrez formuler vos observations auprès du commissaire enquêteur par écrit pour avoir plus de poids. Avec communication au conseil municipal, qui va aussi statuer, pour lui donner des idées. Sanas oublier de transmettre une copie à votre représentant associatif qui siège à la commission départementale d'hygiène ou à la commission des sites.
Commissaire enquêteur, ce n'est pas une profession, mais plutôt un titre honorifique. Un rôle tenu à 75% par des retraités de la fonction publique (gendarmes, policiers, instituteurs). Désigné par le président du tribunal administratif à partir d'une liste départementale d'aptitude, il réalise un rapport sur le déroulement de l'enquête pour conclure à des conclusions motivées. Il peut visiter le lieu du projet, solliciter des compléments d'informations, organiser une réunion publique et même demander une prorogation de la durée de l'enquête (15 jours). Ni technicien, ni spécialiste, cet "honnête homme" rend un avis consultatif. L'administration est libre d'avoir un avis contraire. Le préfet, qui rend seul la décision, accorde les autorisations raison de 90% et il n'y a pas de recours possible. Certes, ce n'est pas très incitatif...

Extrait du magazine "Vie Pratique" : Ouest-France Vie pratique, 10, rue du Breil, 35051 Rennes Cedex 9.